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Le blog de Francois.fer-air
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L'église de Champassak

L'église de Champassak

L’église actuelle de Champassak se trouve dans la localité de Bane Phanom, sur la rive droite du Mékong, juste au sud du Vat Luang Khao, au moment où la route pour aller de Champassak au Vat Phou s’écarte des bords du grand fleuve.

Cette église est probablement une des plus anciennes du territoire actuel du Laos après celle de Done Dôn, sur une ile, en amont de Thakhet. Elle a conservé une grande partie de ses structures d’origine, l’intérieur de la nef est remarquable avec ses colonnes en bois.

 

 

Avant qu’il construise cette église, le père Couasnon[1] avait fondé une mission en ce lieu en 1895. L’endroit lui avait été imposé par le Roi S.C. Nhoutti Thammathone Khamsouk car, au cœur des ruines de l’ancienne cité[2], il était « hanté par les mauvais génies, et inhabitable par conséquent pour les païens honnêtes. »[3]

L’administration française venait d’établir la voie fluviale à partir de Saigon et l’accès à Bassac (nom de la capitale du royaume de Champassak sous la domination française) s’en trouvait par conséquent grandement facilité comparé aux trente jours qu’il fallait pour venir de Bangkok en caravane.

Le père Couasnon s’installa tout d’abord dans une cabane où il entendait la nuit, à quelques mètres, « les porcs sauvages ou les tigres prendre leurs ébats. » [3]


Au bout de quelque temps, quelques familles vinrent à lui, pauvres et dénuées de tout, esclaves libérés ou rachetés par lui, malades couverts de plaies : le comptage des baptêmes pouvait commencer[4]. Un bonze lui vendit un vieux hangar qu’il transforma en oratoire en le surmontant d’un petit clocher en bois.

 

[1] Fin 1906, M. Dezavelle, Missionnaire apostolique au Laos de passage à Bassac, écrivait : « …en attendant nous admirons l'église bâtie par le P. Couasnon : c'est très beau pour le Laos…l'extérieur est terminé, mais il y a encore beaucoup à faire à l'intérieur. »

[2] L’ancienne cité, qui mesure environ 2,3 km x 1,8 km et possède une double enceinte de terre, semble avoir été fondée vers le VIe - VIIe siècle après J.-C. – Santoni Marielle, Hawixbrock Christine. Laos. Fouilles et prospections dans la région de Vat Phu (province de Champassak, sud du Laos). In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 85, 1998. pp. 387-405.

[3] Le poste de Bassac de 1895 à 1905 / lettre de M. Couasnon, missionnaire apostolique. Dans : Annales de la Société des Missions étrangères, Paris, 1907, p. 79-84, dont la majeure partie de cette histoire est tirée.

[4] Le succès des missions semblait alors être mesuré au comptage des baptêmes.

Quatre ans plus tard[5], « je jetai les fondements d’une nouvelle église plus vaste, plus solide, bien décidé à éclipser toutes les pagodes du pays. » « je pus trouver des ouvriers improvisés, nous fîmes des briques, des tuiles, de la chaux…et les murs s’élevèrent. »

En 1907, le père Couasnon et son confrère[6] disent la messe dans la nouvelle église.

 

[5] Donc vers 1900.

[6] Probablement le père Léon Juge (qui releva la chrétienté de Thateng à 10 kilomètres environ au sud-ouest de Phanom). C’est lui qui est mentionné sur la photo de la nouvelle église.

Le père Couasnon parle du clocher « que je n’ai osé élever plus haut, à cause du peu de solidité du sol ». Pourtant, il semble que même peu élevé à ses yeux, il l’ait trop été car il a disparu de nos jours, remplacé par un petit clocher en béton au sud de l’édifice. La toiture a aussi été modifiée pour recouvrir les murs et ainsi les protéger des intempéries. Pour modifier la toiture, il a fallu supprimer les clochetons et les balustrades qui surmontaient les contreforts et les murs. La date de ces modifications ne nous est pas parvenue.

Remarquez sur la photo de droite à l’intérieur de la façade de l’église actuelle, au-dessus de la tribune, la marque des trois ouvertures bouchées correspondant à leur vis-à-vis du clocher disparu.

L’église est aujourd’hui sous le vocable du « Saint Nom de Jésus » mais s’agit-il d’une traduction imprécise ? Le père Couasnon avait souhaité le vocable du Sacré Cœur : « Fort néanmoins de cette approbation[7], persuadé d'ailleurs que le Sacré Cœur, à qui je dédierais mon église, ne me laisserait pas en panne, je me mis à l'œuvre. »

 

[7] L’approbation de son supérieur, Mgr Cuaz.

L'église de Champassak

Sur la photo ci-dessus de la façade de l’église dans sa configuration actuelle, on reconnait la trace des contreforts de l’ancien clocher. On remarque que le nouveau clocher en béton est moins haut que la façade de l’église. La leçon « du peu de solidité du sol » à bien été retenue !